vendredi 11 janvier 2013

Pour qui le mariage ?


Le mariage pour tous est une expression ouverte et généreuse mais, in fine, ambiguë et fausse.

À quoi bon le mariage pour tous si tous ne se marient pas et ne demandent nullement à se marier dans des formes légales? Se marier ne dépend pas de la décision d'un maire, d'un prêtre, ou de tout autre célébrant. On se marie, sans mariage, chaque fois que se constitue un couple. Ensuite, la société suit et enregistre ou bien une religion approuve et bénit si les intéressés en font la demande. 

Se marier est une union, une union libre paradoxalement. Le mariage est, lui, une reconnaissance officielle de cette union, ce qui devient utile quand apparaissent des enfants. On comprendra que se marier, c'est "faire un amour", avoir des relations intimes y compris sexuelles, tandis que le mariage est la prise en considération, par les instances de communautés, nation ou confessions, de décisions privées aux conséquences lourdes pour l'ensemble de la société.

Il en est du concubinage comme de l'agnosticisme ou de l'athéisme. La liberté de conscience permet de respecter ceux qui se réclament de religions différentes : religions chrétiennes, religion musulmane, religion juive, religion bouddhiste..., mais on ne laisse guère de place, aujourd'hui, en France, à ceux qui s'affirment sans religion ou antireligieux ! De même, les couples non officiels de concubins,  déclarés ou pas, se retrouvent-ils souvent en porte à faux, parce qu'à peine reconnus.

On a inventé le PACS, un pacte civil qui permet de vivre ensemble, qu'on ait ou pas des relations sexuelles, et qui garantit un droit : celui de vivre sous le même toit, en totale coopération économique, en conservant son nom, ses biens, mais en pouvant partager légalement. Ce fut une avancée (violemment combattue, lors de son approbation législative, par les mêmes que ceux qui se dressent, à présent, contre le mariage pour tous !) et la grande majorité des "pacsés" ne sont pas homosexuels, contrairement à ce qu'on avait pu penser au moment de l'adoption de ce nouveau contrat.


Au début du XXe siècle, en France,  et cela reste possible en bien des pays, l'homosexualité était considérée comme un crime qui pouvait conduire à l'opprobre publique, voire à de graves condamnations en Justice. Quelques dizaines d'années plus tard, on reconnait "l'inclination sexuelle" comme indépendante de la volonté personnelle et c'est l'homophobie qui tend à devenir un crime. On voit là la fragilité du Droit qui n'a, contrairement à ce qu'on laisse accroire, aucun caractère intangible quand évoluent lourdement et durablement les mœurs.

Il en est du mariage pour tous comme de l'abandon du mot "Mademoiselle" (qui n'eut jamais son pendant : "Mondamoiseau") : c'est la reconnaissance que la virginité n'est pas un état obligé, préalable au mariage (ce qui n'était imposé, du reste, qu'aux femmes, véritables "objets conjugaux" ou "propriétés maritales") ! L'allongement de la durée de la vie et l'activité professionnelle des femmes ont engendré l'instabilité généralisée des couples et ont définitivement modifié la composition des familles, qu'elles soient construites à partir d'un PACS, d'un mariage civil, d'un concubinage, voire de la solitude d'un parent (par veuvage ou séparation).

Le "mariage pour tous" : un évolution positive qui ne règle pas tout.

Que certains d'entre nous ne veuillent pas, pour eux-mêmes, d'une famille autre que fondée sur un couple hétérosexuel ne peut être contesté, mais rien n'autorise à refuser, pour autrui, le pacte civil nouveau, mal appelé mariage pour tous, qui permet à un couple de trouver une place légale, dans une société profondément bouleversée, où l'homosexualité existe et n'est plus condamnable. Comment, du reste, appeler ce mariage nouveau, qui n'est pas un mariage homosexuel mais un mariage d'homosexuels, à côté des beaucoup plus fréquents mariages d'hétérosexuels ? Ce sont des unions légalisées, sans plus, et si des catholiques y ajoutent une autre signification, cela les concerne, mais pas obligatoirement tous les citoyens. Notons que si ces célébrations s'accompagnent de réjouissances et de festivités, c'est "à l'occasion" des mariages mais ce ne sont pas des mariages en eux-mêmes.

Il faudra donc modifier la définition du mot mariage qui, dans les dictionnaires, se présente encore comme "l'union légitime d'un homme et d'une femme" et qui pourrait devenir "la reconnaissance publique de l'union de deux êtres humains". C'est une révolution culturelle qui ne s'imposera que peu à peu, même si elle a jeté ses fondements depuis longtemps.

Reste la question des enfants, que j'évoquerai plus tard, et qui exige de faire preuve d'un respect et d'une prudence très vigilants, si nous voulons que nul qui vient au monde ne puisse souffrir des choix personnels des adultes qui l'accueille. Trop souvent (on le voit pour les rythmes scolaires), on pense l'intérêt social en prenant mal en compte l'intérêt des enfants lesquels sont pourtant des acteurs essentiels de la société en évolution constante ! Les enfants peuvent être heureux ou malheureux au sein de familles monoparentales, hétérosexuelles ou homosexuelles. C'est la sécurité physique et psychologique des petits d'homme qu'il faut assurer de façon pérenne.

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