samedi 24 décembre 2011

De l'actualité du message de Vaclav Havel. 2

Dissident-président ou sans parti engagé ? Vaclav Havel a tenté, réussi et échoué.

Engager la lutte et opposer la force de l'esprit à la force d'un État, c'est ce qu'a tenté le dissident.
Faire passer son pays, en profitant de la perestroïka en URSS; du satellite politique à l'autonomie politique, c'est ce qu'a réussi, appuyé sur l'ensemble des citoyens tchécoslovaques, le sans parti engagé.
Exercer le pouvoir d'État en évitant la partition de la Slovaquie c'est ce que n'a pu faire le président.

Tous et chacun avec Vaclav Havel

La démission de Vaclav Havel fut plus qu'une libération, pour lui, ce fut un moment de vérité pour la démocratie. Cette démission signifiait que laisser le champ libre à l'action politique peut voir ressurgir les démons, non plus les démons du totalitarisme pro-soviétique, mais les démons du néo-totalitarisme capitaliste. Havel a constaté qu'il ne pouvait échapper à ce dilemme : la fausse démocratie populaire ou la fausse démocratie libérale. Il s'est alors retiré. Ce fut à la fois logique et historique. Celui qui ne s'accroche pas au pouvoir sauve mieux que son image, il sauve ce pour quoi il avait donné sa vie : la liberté et la vérité citoyennes.

Vaclav Havel, l'utopiste, a eu les obsèques d'un roi. Le peuple tchèque, crispé sur son nationalisme et accroché à l'espoir d'entrer dans le cercle des pays riches, a constaté, par l'expérience, que leur président défunt avait vu clair : on ne fait pas le bonheur du peuple malgré lui, certes, mais on ne gagne rien non plus à rejoindre le camp des dominateurs de l'économie mondiale. La "crise" ou la mutation de société qui s'étale, à présent, sur l'Europe donne à penser aux Tchèques, et à nous avec eux, que l'implosion du "bloc de l'est", en 1989, ne garantissait pas aux "pays de l'ouest" une immortalité du régime économico-politique "libéral" et en réalité, oui, perversement totalitaire.

Vaclav Havel a cru à l'économie de marché parce qu'il y voyait l'exercice de la liberté du citoyen dans la sphère économique ce que le communisme avait expressément interdit en instituant un capitalisme d'État. Il pensait, à bon droit, que la démocratie qui ne s'exerce pas dans le domaine de l'économie n'est pas la démocratie. La suite lui a démontré que les marxistes avaient eu raison au moins sur un point : la liberté du renard libre au milieu des poules libres n'empêche pas que le plus fort dévore les plus faibles. Le "pouvoir des sans-pouvoir" ne concerne pas que les sans-pouvoir politique ; il concerne aussi les sans-pouvoir économique, autrement dit les pauvres. Les indignés ont surgi trop tard pour que Vaclav Havel en fasse parti.


Gorbatchev propose aux Russes d'oser une nouvelle perestroïka

Aujourd'hui même, 24 décembre, les indignés russes manifestent contre le néo-despotisme de Poutine et autres revenants du stalinisme, convertis au libéralisme totalitaire. La boucle se boucle. Vingt ans après sa propre démission, exactement, Gorbatchev les soutient et invite Poutine à se retirer ! Vaclav Havel a fait parti des rares hommes politiques qui ont redonné espoir aux sans-pouvoir, comme Gandhi, Martin Luther King ou Mandela qui ont fait autre chose que de rechercher à triompher et ont, ainsi, modifié l'histoire de l'humanité.

Archives du blog

Résistances et romanitude

Résistances et Changements

Recherche Google : rrom OR tsigane