dimanche 5 juin 2011

La religion et la mort

La question ne concerne pas, ici, l'au-delà !
Il s'agit de savoir si le sacré tue ou si, plutôt, l'idée que se font les hommes du sacré tue !

On est passé un peu vite, dans la France catholique, sur les horreurs de la Saint Barthélémy.



Dans Charly 9, Jean Teulé délaisse le roi Soleil et ses amours adultérines pour s'intéresser au cinquième des dix enfants d'Henri II (1519-1559) et de Catherine de Médicis (1519-1589), Charles IX (1550-1574) qui succéda à son frère François II, en 1560. L'auteur se focalise sur la période allant du drame du 23 août 1572, l'hécatombe de la Saint-Barthélémy, à la mort du jeune roi au château de Vincennes, le 30 mai 1574. Il ne s'agit donc de démêler l'écheveau des évènements qui ont conduit à l'assassinat de 200 nobles protestants venus assister au mariage de s
a sœur Marguerite et du futur Henri IV, mais d'imaginer les conséquences de sa décision, les massacres qui ont suivi, les complots fomentés contre le roi et sa longue descente dans l'enfer de la folie. Charles IX est-il un souverain fanatique ou un roi fragile, manipulé par sa mère et mal conseillé par ses proches ? On sait que sa santé décline peu et à peu et il succombe une pleurésie, moins de deux ans après le drame. Cette mort prématurée fait-elle suite à un empoissonnement, dont Marie de Médicis serait l'instigatrice ? Le roi a-t-il plutôt succombé aux tortures de sa conscience ?




Les exclus des infidèles de Carcassonne

On n'en était pas à la première tuerie. Au début de juillet 1209, des croisés quittent Lyon, en direction du sud. La première grande cité à s'ériger devant eux est Béziers. «Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens.» Partout dans la ville règnent alors tueries et massacres. Des milliers de personnes périssent. Après quelques heures, la riche ville de Béziers n'est plus qu'une ville pillée, ruinée et jonchée de cadavres. Inspirés par une telle victoire, les croisés poursuivront la lutte dans tout le Languedoc.

Il est impossible d'affirmer qu'Arnaud Amaury, légat du Pape, a bel et bien prononcé cette parole devenue célèbre. Elle traduit bien, par contre, l'état d'esprit de ces croisés qui combattirent l'hérésie cathare. Ainsi, pour les grands seigneurs du nord, il était convenu de passer par l'épée tous ceux qui leur résisteraient. Arnaud Amaury, de son côté, sut également se montrer digne d'une telle déclaration lorsqu'il écrivit au pape Innocent III: «Les nôtres, n'épargnant ni le sang, ni le sexe, ni l'âge, ont fait périr par l'épée environ 20 000 personnes et, après un énorme massacre des ennemis, toute la cité a été pillée et brûlée. La vengeance divine a fait merveille.»

Ne retournons pas les champs de l'histoire : ils sont peuplés de cadavres, ceux des Chrétiens qui assassinèrent des Chrétiens au nom de Dieu, au nom du Christ ! Aucune leçon d'humanité, donc, ne peut être donnée par les Églises qui ne condamneraient pas, au nom de l'Évangile, les crimes de toutes les croisades, internes ou externes à l'Europe. La "compréhension" et le relativisme historiques n'expliquent pas tout.


Les croisades vues par les arabes - Amin Maalouf

Il faut relire Les Croisades vues par les Arabes, le premier essai écrit par Amin Maalouf, publié pour la première fois en 1983 et traduit en plusieurs langues. Comme son nom l'indique, le livre raconte le point de vue des Arabes sur les Croisés et les croisades, entre 1096 et 1291. Il raconte les pillages et les massacres des Franjs. Quand, au XXIème siècle, les Arabes parlent des Occidentaux en assimilant leurs violences guerrières à des croisades, il faut se rappeler cette donnée médiévale, jamais effacée.



Ce n'est pas pour autant qu'il faut exonérer les Musulmans de leurs crimes !

L'actualité nous informe sur "une" situation qui se répète en mille autre lieux, en Asie et en Afrique, : celle de Asia Bibi, condamnée à mort pour blasphème, un blasphème de surcroît imaginaire mais lié au comportement d'une chrétienne. Que le Pakistan ne puisse rien pour s'opposer à de telles pratiques informe sur le caractère réel du fanatisme musulman, que ce soit en Afghanistan, au Pakistan, en Iran ou ailleurs.

Quand, au nom de Dieu, d'Allah ou du Prophète, on lapide, on pend, on sabre, on enferme dans des culs de basse fosse, on dresse le peuple contre des mal pensants, on s'écarte de tout sentiment religieux pour promouvoir un pouvoir politique appelé religion.

http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2011/06/01/asia-bibi-chretienne-du-pakistan-condamnee-a-mort-pour-blaspheme_1530190_3216.html



Et que dire de l'attitude sectaire, brutale, inhumaine des extrémistes juifs ? La Shoah ne peut être évoquée pour tout pardonner quant des Juifs se replient sur leur terre, dite sacrée, et s'y imposent non seulement par la force mais par des affirmations pseudos-religieuses qui justifient toutes les actions militaires !



Alors, me dira-t-on, ce sont les religions "du Livre", monothéistes, qui sont porteuses de mort ? Pas si sûr ! En Asie, le bouddhisme a manifesté aussi son refus de l'autre par d'extrêmes violences.

Toutes les religions sont-elles, alors, porteuses de mort ? Oui et non. Non, parce qu'il est des agnostiques et des athées qui sont tout sauf tolérants et non-violents ! Non, parce qu'il est des hommes qui refusent de mélanger leur foi avec des processus de domination assassins. Oui, parce que le manque de culture, qui exclut tout pluralisme, peut engendrer des conflits très meurtriers. Oui et non, enfin, parce que, là où triomphe la violence, la religion qui alors tue, se tue elle-même.

La véritable interrogation religieuse ne commence qu'à partir du moment où un homme voit en tout autre être humain son égal et ne peut porter la main sur lui parce qu'il est, au sens strict, son frère en humanité. Cet état d'esprit, cosmopolite, qui fait de chacun de nous un citoyen du monde, ne concerne pas que ceux qui s'approchent d'une foi religieuse ! Ceux qui ont renoncé à donner une réponse aux questions métaphysiques ont une vie à vivre qui, comme celle d'autrui, peut exclure la violence.

Soit, l'affirmer va contre toute l'expérience historique de l'humanité. J'affirme, pourtant, que toute religion qui accepte ou qui, pire, favorise la violence, se vide de son sens et se trahit elle-même. J'ose même affirmer que là où règne la violence, il n'est plus de pensée religieuse, mais seulement des religions qui sont des instrumentalisations de pouvoirs politiques ravageurs auxquels la philosophie ne cessera de s'opposer tant qu'il y aura des hommes pensants.


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