lundi 31 octobre 2011

31 octobre 2011 : une date historique

Trois événements marquent ce jour :

• Nous sommes officiellement 7 milliards sur Terre, à partir d'aujourd'hui.
• L'UNESCO compte un 195ème membre : la Palestine.
• Les squatteurs auront (peut-être) la paix jusqu'au printemps.

Cela ne fait pas plaisir à ceux qui constatent que les rapports de force économiques et politiques ne se feront plus au profit de l'occident.
Cela déplaît aux sionistes et autres inconditionnels d'Israël qui veulent interdire l'entrée de la Palestine à l'ONU.



Cela permettra que soit rappelé, encore et encore, qu'en France une caravane n'est pas un logement ; ce qui autorise les expulsions toute l'année, quel que soit le temps.

Voir le monde tout entier ; donner, enfin, une place aux Palestiniens ; lutter pour que chaque homme ait un toit. C'est ce que ce jour nous rappelle et rappellera.

Laissons nous pénétrer par cette coïncidence : chacun à droit, sur Terre, à l'hospitalité de tous. Ce n'est là ni utopie ni charité ! c'est la condition sine qua non pour que l'on puisse encore prononcer le mot de civilisation.


dimanche 30 octobre 2011

L'évaluation, le mal du siècle ?

On veut tout évoluer, c'est-à-dire tout mesurer, tout peser dans la balance de la rentabilité puis de la profitabilité. On ne s'interroge pas sur l'outil qui mesure, ni sur la possibilité même d'apprécier une réalité autrement qu'avec des chiffres. On jauge, puis on juge. On sépare le bon grain de l'ivraie, ce qui, à l'inverse de l'Évangile, signifie écarter le pauvre pour ne conserver que les riches.

Roland Gori à l'origine de l'Appel des Appels, alerte, une nouvelle fois, contre ce risque culturel majeur qui nous fait apprécier les humains comme des choses.

Note de l'éditeur :

« En ce début de XXIe siècle, en Occident, la folie sociale a pris un nouveau nom, celui d’évaluation. » Le mot essaime partout. Il est à la fois le dispositif et le symptôme d’un mode de contrôle social contemporain particulièrement dangereux.

La société occidentale demande maintenant à ceux qu’elle missionne, dans tous les domaines d’activité, de lui rendre des comptes – ce qui paraît très légitime –, mais en faisant de cette exigence un instrument de normalisation généralisée. On sait quel malaise cela génère. Il ne s’agit en fait pas tant de « rendre compte » que de s’en trouver, par ce biais, asservi.

Les auteurs examinent le processus en cours. La « machine évaluative », alors même qu’elle donne de nombreux signes d’essoufflement, continue pourtant à se développer, et les tentatives effectuées, tant pour la dénoncer que pour tenter d’en limiter les effets délétères, n’amènent pour l’instant qu’à la renforcer. Les agences d’évaluation, diverses et variées, constituent aujourd’hui la nouvelle manière de donner des ordres et de faire de la politique sans en avoir l’air.

Le contrat social de la démocratie est bel et bien entamé, si ce n’est rompu par cette forme de dictature que sont les chiffres : chiffres que l’on fait croire « évidents » et « naturels », alors même qu’ils se déduisent des rapports de force sociaux et symboliques. Il faut réinterroger la notion de « valeur » pour combattre efficacement l’évaluation.

Alain Abelhauser, Roland Gori et Marie-Jean Sauret, sont tous trois psychanalystes, professeurs de psychopathologie à l’université. Ils ont notamment participé à la publication de l’ouvrage L’Appel des appels. Pour une insurrection des consciences (Mille et une nuits, 2009).

lundi 24 octobre 2011

Libre, libéral, libertarien, libertaire...

Les qualificatifs qui sont issus du beau nom de liberté, révèlent bien tous les usages et mésusages qu'on aura fait du concept !

Est libre celui qui échappe à la domination d'autrui et qui dispose du pouvoir sur sa propre vie. Ceci dit, tout n'est pas dit !

Est libéral celui qui tolère. Y compris l'inacceptable... Libéral s'oppose à autocrate, mais aussi à la justice rigoureuse. Bref, selon que vous êtes anglo-saxon ou français, celui qui s'affirme libéral est à gauche (avec les petits) ou à droite (avec les riches). Laisser vivre, sans contrainte, est une valeur. Laisser tout faire est un crime.


Est libertarien le dogmatique qui ne veut jamais qu'une organisation s'oppose à l'initiative économique. Il pense que l'autorégulation est toujours plus efficace que la loi. Il est volontiers libéral sur le plan des mœurs mais il est surtout rebelle à toute action de l'État qui réduirait l'action individuelle des citoyens. C'est intenable !

Est libertaire celui qui est adepte du self-government et qui fonde la civilité sur la culture.



Ces quatre adjectifs rendent compte de la difficulté qu'il y a à vivre dans la liberté. Par le passé, on se contentait de dire que la liberté de chacun s'arrête là où commence la liberté d'autrui. Est ainsi libre celui qui dispose de tous les moyens intellectuels et vertueux pour ne jamais nuire !

Le "monde libre" aura été un leurre qui n'exista que par opposition aux régimes totalitaires. Il ne s'en suivit pas que les les démocraties, distinctes des démocraties "populaires", se soient montées plus respectueuses de la liberté humaine.

En 2011, il est des mots usés. Libéral, qui dit une chose et son contraire, est un vocable plus ambigu que tout autre. Libertarien, qui appartient au vocabulaire économiste antiétatiste, n'a pas d'utilisation accessible au commun des citoyens. Libertaire appartient au discours anarchiste et ne souffre que d'un défaut : il suppose que chaque humain soit éduqué. Libre est bref et riche mais n'est pas à l'abri de confusions dès que le mot ne s'applique qu'à une partie de l'humanité.

En définitive, rien n'est meilleur et plus dangereux que la liberté. Seule elle se trahit. La liberté sans solidarité est un égoïsme violent. La liberté sans égalité est un objectif limité aux privilégiés. La liberté sans fraternité n'a pas même d'existence !

Le libertaire essaie d'être libre sans empêcher les autres de l'être. C'est la moins mauvaise approche de la liberté, à une condition, (que tous les anarchistes n'avaient pas comprise, par le passé) : toute violence faite à autrui, fut-ce pour son bien, est liberticide.

Il va sans dire qu'une telle conception des relations humaines va à l'encontre de ce qui est enseigné et pratiqué, notamment dans les lieux d'éducation. Pour autant, cela n'a pas pour effet de rendre inappropriée la liberté que soutient le libertaire. "D'abord, ne pas nuire" est une devise qui respecte toutes les libertés.

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vendredi 21 octobre 2011

Khadafi restera à jamais silencieux

Il était en Afrique, un leader craint et incontesté !

Il est mort. Beaucoup s'en réjouissent. Ce n'est pas la mort de la dictature dont on se satisfait, ici, en occident, dans notre pays ! C'est du silence de celui qu'on accueillait fastueusement, à Paris, il y a moins d'un an. Il savait trop de choses. Plus de quarante ans de rapines, de dictature féroce, de retournements, de la part de l'un des grands maîtres du pétrole contiennent des révélations qui saliraient bien des "grands", d'hier et d'aujourd'hui. Pas de révélations, donc ? Nul doute que les services secrets français, anglais et italiens soient déjà au travail pour dénicher et détruire des archives compromettantes.


À 27 ans, il a pris le pouvoir et ne l'a plus lâché !

Il fallait laver la honte de la connivence de la France (et de quelques autres États "démocratiques" !) avec la Lybie totalitaire. La guerre, les frappes de l'OTAN et les déclarations cyniques de politiciens ayant retourné leur veste n'y suffiront pas. Tout finit par se savoir. Ceux qui chantaient les louanges de Sarkozy soutenant militairement les rebelles vont vite déchanter. Même si, en France, les médias camoufleront le mieux possible les fautes les plus odieuses de ceux qui faisaient des affaires avec la dictature khadafiste, les Lybiens qui ont vu, su, et qui vont parler ne seront pas tous assassinés... Comme en Tunisie, comme en Égypte, le soutien des riches, au prix d'une solidarité politique discrètement mais efficacement apportée, n'aura pas fait défaut en Lybie.

Il fallait surtout laver, en Afrique du nord, les erreurs spectaculaires et choquantes commises par le Ministère Alliot Marie et tenter de retourner l'opinion internationale en se plaçant, brutalement, sans états d'âme, aux côtés de ceux qui se dressaient contre le symbole même de la tyrannie. Peu importe que ce tyran ait été notre complice et ait bénéficié des larges apports technologiques qu'il avait les moyens d'acheter...

Je ne me réjouis jamais de la mort d'un homme. Jamais. Je suis toujours heureux de le voir cesser de nuire. Toujours. Les exécutions de Ben Laden ou de tel autre leader d'Al Qaïda assassiné, avec l'accord explicite d'Obama, ne font pas avancer la cause de l'occident. L'histoire, quoi qu'on en pense, ne se fait pas à coup de meurtres. Le temps s'écoule et l'on comprend alors, en général trop tard, qu'on a agi dans la précipitation faute d'avoir analysé, à temps, les causes des tragédies. On a pactisé avec le diable, quel que soit le visage qu'il a pris, et ensuite on le pourchasse. Cela ne trompe que les naïfs et, surtout, cela n'a qu'une efficacité relative. Des décennies de tolérance de l'insupportable ne se soldent pas en exhibant un cadavre, fut-il celui d'un monstre.


Rien ne justifie la réjouissance devant la mort

mercredi 19 octobre 2011

De la minorité majoritaire

Le propre d'une minorité est d'être susceptible de devenir majoritaire. Sinon, elle n'est qu'un groupe numériquement insuffisant pour s'imposer par son seul poids ! Quand ce sont les idées qui circulent, elles peuvent s'enfler ou se dégonfler, selon l'accueil citoyen qui leur est fait.

Une majorité, de surcroît peut être constituée de minorités additionnées défendant, en commun, un intérêt principal.

Enfin, en démocratie, le plus grand nombre, s'il détient le pouvoir, ne détient pas nécessairement la vérité. La leçon historique qui nous fut donnée par le IIIe Reich nazi n'a guère été méditée ! Adolf Hitler ne s'est pas installé par la seule force de de ses nervis ; il a obtenu la victoire électorale par les urnes.

Je retiens de cette très courte analyse que le système démocratique souffre d'un vice à peine caché et, en tout cas, irrémédiable : il laisse diriger ceux qui ont le mieux su séduire le peuple et nullement ceux qui s'appuient sur la volonté populaire.

Le système bipolaire contenu dans le mode de scrutin majoritaire détruit les minorités ou les tient en laisse. Qu'en 2011, il faille encore laisser gouverner, "jusqu'à-la-prochaine-élection" un autocrate entouré d'oligarques et, qui plus est, "au nom du respect de la démocratie", a quelque chose de puéril. La règle démocratique ne consiste plus à contrôler le pouvoir exécutif mais consiste à le rendre intouchable entre deux scrutins. Il s'ensuit le désastre intellectuel, civilisationnel et philosophique auquel rien d'efficace ne peut s'opposer.


Le retour de l'avant...

Sans majorités fluctuantes, sans minorités mouvantes, sans "majorités d'idées", sans limites imposées (dans le temps et l'espace) au pouvoir dévolu à des représentants, la démocratie s'engonce avant de s'ankyloser, puis de s'effondrer parce qu'elle est séchée et donc privée de la circulation de la vie.

Les institutions de la Vème République sont obsolètes et ne laisse aucun espace d'expression aux minorités modestes ou aux majorités dominées. La VIème République devient une urgence mais inutile de la faire naître si c'est pour maintenir un système présidentiel qui personnalise la vie publique et n'encourage pas les citoyens à participer aux décisions dans un esprit de responsabilité.

La démocratie véritable rapproche du consensus et suppose moins de lois, plus de débat et donc plus de temps pour mûrir les décisions.

Nous vivons l'inverse. Il faut décider beaucoup et vite. Ainsi noie-t-on la réflexion des citoyens dans la technicité et la reconnaissance de la nécessité de s'en remettre aux élites. La démocratie, dans cette mâchoire implacable, en sort broyée, parce que les jeux d'opinion, le culte des vedettes politiques remplacent le libre débat. Les Français et, la plupart des citoyens des autres pays démocratiques, se leurrent en pensant disposer des outils du choix. S'ils votent "mal", on les fait revoter (comme on l'a vu en Irlande, en France, aux Pays Bas, en Slovaquie...). Ils n'ont plus à choisir mais n'ont plus qu'à approuver !

Quand l'alternance n'est plus une alternative, il n'est même pas nécessaire de conserver le personnel politique. Ses remplaçants feront à peu près la même politique. Inutile, dans ces conditions, de tenter de passer de la minorité à la majorité : à terme, le résultat sera le même, c'est-à-dire, et de plus en plus ouvertement, obéir à la dictature des marchés.

Qui dirige, contrôle, oriente ces marchés, maîtres de la politique et du sort de l'économie ? On a vu surgir, décennies après décennies; des "agences de notation", des "banques centrales", des Fonds monétaires et autres instruments de gouvernement monétaire et économique auxquels rien ne s'oppose durablement.

Les minorités d'idées sont seules à même de faire évoluer la pensée des citoyens médusés, sous le charme ou sous la peur, qui "croient" que, sans croissance, il n'est pas d'emploi, comme il leur est rabâché. On ne compte plus, alors, que sur la richesse des riches pour disposer des morceaux inégaux mais suffisants d'un gâteau gigantesque en perpétuel agrandissement.

Mais ne voila-t-il pas que nos sociétés, vieillies, arrivent à saturation dans maint secteur de production ! Ce qui devait arriver plus tard se produit. Pour garder les mêmes profits, il faut donc saigner les consommateurs et réduire toujours plus la part du travail par rapport au capital. L'intelligence des roués a trouvé sa limite et le système grince annonçant un prochain blocage.

Il est temps que les minorités s'éveillent, s'agrègent, se concilient et s'accordent sur des compromis durables. Bref, il faut construire des majorités d'un nouveau type qui ne doivent plus grand chose aux partis (minorités parmi les minorités) et beaucoup à elles-mêmes. La démocratie politique n'est rien sans la démocratie économique. Tout autre projet politique ne ferait que rallonger une période où les maîtres et autres privilégiés continueraient de tenir les rênes en nous laissant le rôle multiséculaire de valets obéissants.

Autant mourir tout de suite que pérenniser cette domination inhumaine où les grandes valeurs de 1789 sont oubliées, inutiles et ridiculisées.


lundi 17 octobre 2011

Jamais plus de faux compromis...

"Faire de l'impossible rêve un possible espoir n'est pas interdit. Je n'attends rien du PS. Je voterai pour Martine Aubry... au second tour de l'élection de 2012, si c'est elle...", avais-je écrit !


La révolution, au PS, marche sur la tête.

Ce ne sera pas elle. J'ai fait une erreur d'appréciation de plus. J'ai cru que, de la "Primaire PS", sortirait du neuf, un tout petit peu de neuf, mais du neuf... Or, la logique de la Ve République a prévalu. Le piège s'est refermé. Ce sera donc, Sarkozi ou Hollande ! Pour n'avoir plus Sarkozi, une majorité de socialistes et d'électeurs de gauche ont joué, ce 15 octobre 2011, la carte de celui le plus assuré de l'emporter. Il ne restera plus aux Joly et autre Mélanchon qu'à faire de la figuration ; en mai 2012, ils devront s'aligner, comme n'importe quel Montebourg.

La droite dure, (celle qui se cache dans les cabinets ministériels, les banques et les officines du MEDEF), l'emporte, ainsi, à tous les coups : ou bien l'on continue avec l'UMP ou bien l'on dispose, avec "la gauche molle", d'un PS qui (comme les partis socialistes anglais, grec, espagnol, portugais et autres) ne peut que se coucher, car il n'a aucune solution politique de rechange, face au système économico-politique libéral. De Blair à Zapatero, de Papandréou à Hollande : rien à craindre pour les maîtres de l'économie et de la finance, pas même une petite correction écolo car la croissance commande...

J'ai, d'un coup, repris possession de moi-même. Le "il faut y croire encore une fois" était de trop. Moment de faiblesse ! Je n'aurai plus d'excuse, désormais. Avec Martine Aubry, je voulais, comme ces citoyens écologistes qui ont participé à la primaire PS, faire un compromis, faute de mieux, et entr'ouvrir la porte à une sortie du nucléaire sans laquelle rien ne peut changer. Ce n'était pas mûr. Du reste Martine Aubry n'aurait guère avancé dans cette direction.


C'est une affiche... suisse !

Il faut, à présent, entrer dans une stratégie de rupture pour longtemps. Je ne voterai pas pour François Hollande. Ni au premier ni au second tour des élections présidentielles. Alors, me dira-t-on, tu vas laisser repasser Sarkozy ! Évidemment pas, je ne ferai pas la politique du pire et ne voterai pas davantage pour ce sortant à sortir ! Quant à renoncer à ce que je pense, par souci du moindre mal, c'est fini. Je suis trop vieux pour attendre un mieux d'un moindre mal. J'ai trop souvent expérimenté que le moindre mal finit toujours... mal !

Je n'apporterai pas mon concours, fut-il lointain et très indirect, à l'hypothétique élaboration, à l'Élysée, d'un gouvernement où Manuel Valls serait, par exemple, ministre de l'Intérieur, Arnaud Montebourg ministre de la Justice, Ségolène Royal ministre de l'éducation et Jean-Michel Baylet secrétaire d'État au commerce, voire Martine Aubry aux affaires sociales ou... DSK aux finances !

Que puisse, dans les mois qui viennent, se briser, enfin, ces faux équilibres qui nous obligent à fonctionner à l'intérieur d'un cadre européen, économique et financier, apparemment immuable mais pourtant bouleversé, et où l'on se refuse à prendre en compte les questions fondamentales, premières, décisives, urgentes, qui sont d'ordre écologique et, plus encore, vitales pour l'espèce humaine.

« L'habitude, dit Edgar Morin, c'est de sacrifier l'urgence à l'essentiel, alors que l'essentiel c'est précisément l'urgence ! »

Et bien l'urgence, fut-elle utopique, c'est de faire cesser l'exploitation du monde entier par les puissants et les riches, faute de quoi nous allons y laisser notre peau (et les exploiteurs aussi du reste !)

L'urgence, c'est de sortir des schémas traditionnels fussent-ils réglementaires.

La politique, en dépit des apparences, a définitivement cessé d'être politicienne. Agir en politique n'a jamais été aussi indispensable mais, hors des partis.

mercredi 12 octobre 2011

L'espoir politique ou l'impossible rêve ?


La vie politique consiste à réanimer des espoirs impossibles. Les médias s'excitent sur les primaires socialistes comme les Mexicains ou les Philippins devant les combats de coqs.

Tout semble dit : François Hollande n'a-il-pas déjà reçu, l'un après l'autre, tous les soutiens de la droite de la fausse gauche ?

Celui, d'abord, très vite, de Manuel Valls, pour qui la faim du pouvoir autorise d'avaler toutes les tambouilles fabriquées et d'accepter toutes les magouilles préparées, dans les officines et cuisines où les plats libéraux mijotent. Cet homme du futur est dépassé et son socialisme n'était que de façade.

Celui de Jean-Michel Baylet, ensuite, le bon apôtre laïque, pour qui Édouard Herriot eut été un dangereux gauchiste, l'homme du radicalisme sans racines. Cet homme du passé n'a d'autre avenir que celui du chacal qui se repaît de ce que le fauve-roi lui laisse déguster.

Celui de Ségolène Royal, enfin, dont on voudrait espérer que la connivence avec son ex-époux est constituée de souvenirs conjugaux mais qui, en réalité, se croit encore investie d'une modernité qui n'est faite ni de rénovation, ni d'actualité, ni d'innovation et la voici qui tente, une ultime fois, de tromper les socialistes et autres Français derrière des apparences qui n'ont rien de populaire.

Bref, tous les ingrédients de la fausse gauche sont déjà dans la soupière où François Hollande a même convoqué le souvenir et les gargouillis d'orateur du plus talentueux des artistes ayant jamais trompé "le peuple de gauche" : l'autre François lui-même, celui dont le mérite fut de tout trahir avec une maestria et un savoir-faire jusqu'à ce jour inégalés.

Et nous voici au bord du gouffre. Celui qui gagnera dirigera une France impossible à diriger. Martine Aubry, pas plus que son père, ne dispose des moyens de conduire sa politique. François Hollande ne pourra longtemps opposer ses habilités aux coups de boutoir d'un régime économico-politique à l'hallali et donc d'autant plus dangereux.

L'absent, "le troisième homme", Arnaud Montebourg, tout fier d'avoir fait mentir les sondages, n'a rien de mieux à faire que de démontrer que les deux protagonistes devenus, selon lui, simples "impétrants" (qui ont obtenu quelque chose) vont, nécessairement, s'empêtrer (donc s'embarrasser, s'entraver, s'encombrer, s'enferrer) dans des difficultés qu'il avait prévues et annoncées. Cela ne lui servira guère à l'avenir... Jouissance passagère qui masque, du reste, la même impuissance : Nicolas Sarkozy est probablement électoralement condamné mais qui va lui succéder sera bien en peine de dire ce qu'il ou elle fera de sa victoire.

Il faut vraiment être amoureux fou du pouvoir ou insensé (ce n'est pas incompatible !) pour aspirer diriger son pays dans de telles conditions ?

Tout est-il par conséquent écrit, et n'aurons nous qu'à assister à un mauvais spectacle ? Voire ! Du premier tour des primaires, deux enseignements majeurs sont à retirer.

Premièrement, par dessus les partis, des Français, sans d'autre contrainte que celle de leur désir de participer à la décision politique, sont allés dire qu'ils étaient là, et qu'ils ne voulaient pas, n'être que des électeurs. Plus de deux millions et demi d'indignés et autres motivés ont changé la donne : on ne pourra plus jamais se priver de l'avis de ceux qui, primaires ou pas, peuvent se mobiliser. Coup de printemps tardif que la météorologie confirme... Bref, on ne refera pas trop souvent le mauvais coup du référendum de 2005 où l'on a voulu éteindre un débat et une volonté politiques, pour des résultats d'ailleurs forts minces et déjà contredits par la crise européenne !

En second lieu, une partie des tentations intra-PS ont été, pour un temps, mises de côté. La tentation libéralo-socialiste a "Vallsé"; la tentation radical-socialiste a vécu ; la tentation autoritaire royalo-socialiste a chuté lourdement. Le paysage s'est rouvert et y soufflent (un peu !) des bouffées d'air écologiques et "partageuses". Et comme le sol s'ouvre aussi, sous la pesée des actions humaines qui bouleversent la Terre, tout n'est pas perdu, la terreur aidant. Point n'est nécessaire de subir la catastrophe pour que se secoue la planète ; la trouille peut suffire...

Alors ? Alors, il faut voter, dimanche. Ne serait-ce que pour accentuer le mouvement de la première vague et dépasser les trois millions d'électeurs. Partout où l'on peut déborder les partis, il faut aller.

Ensuite, il faut choisir Martine Aubry pour qu'elle soit amenée, élue ou pas, à peser sur l'avenir du PS en le faisant évoluer vers plus grand que lui. Plus de bavardage sur "la gauche" ! La gauche, non pas molle mais morte, est à réinventer quel que soit le nom qu'on lui donne et cette nouvelle force politique sera polymorphe ou ne sera pas.



Rien à espérer, ce soir, de l'habileté et de la jonglerie médiatiques des acteurs d'un soir. Les primaires PS peuvent nous conduire vers une bipolarisation catastrophique ou, tout au contraire, vers une nouvelle approche de la politique qui ne soit pas celle de la Vème République, comme l'a bien observé (il n'a pas toujours tort) Nicolas Sarkozy qui ne serait rien sans les institutions retouchées et monocratiques de l'après gaullisme. Rien n'est tranché. Il appartient aux écologistes, communistes, radicaux et tous autres citoyens qui ont, depuis longtemps, déserté les partis de refaire surface. La France, l'Europe, notre très petite planète ont besoin d'eux.

Cervantès avait raison. Son Don Quichotte ne se battait pas seulement contre des moulins à vent. Il était seulement impossible de l'empêcher de croire que l'amour et la justice sont des concepts utopiques. Même ce gros réaliste de Sancho Pança ne le croyait pas ! Puisqu'il suivait son maître. Faire de l'impossible rêve un possible espoir n'est pas interdit. Il faut bien sortir de ce tunnel où l'on nous enfume, où l'on noircit tout et où l'on nous prive d'horizon. Je n'attends rien du PS. Je voterai pour Martine Aubry au... second tour de l'élection de 2012, si c'est elle...


mardi 11 octobre 2011

La diaspora permanente ou l'autre nomadisme




Peut-on vivre en diaspora ?

La diaspora est le fait des chercheurs de sens.

Celui qui cherche se déplace.

Mobile est le voyageur.

Son esprit autant que son corps est mobile.

Il n'est pas nécessairement nomade, ou errant !

L'errance est un voyage sans but…, sans but avoué.

Le vagabond, lui, se déplace pour survivre

Tant que l'on marche, on est debout, on vit encore.

Le mouvement est un constant rapport à l'espace.

Mais l'immobilité peut être feinte.

Le voyage immobile est celui de l'artiste.

L'écrivain voyage sans cesse, en lui-même.

Le romancier invente des voyages qu'il accompagne, sans bouger.

Jules Verne était un sédentaire sans frontières !

Un téléphone mobile permet de localiser, de justifier ses actes

Celui qui bouge a toujours un compte à rendre, ou à ne pas rendre.



Tout bouge

Il n’y a pas un nomadisme et des sédentarités.

Il y a une sédentarité et des nomadismes en quête de permanences.

Le nomadisme, bien antérieur à la sédentarisation, perdure.

Sous des formes diverses, il remet en cause la fixité des cités !

Les villes ne sont plus des lieux où l’on vit, mais des lieux où l’on passe.

La ville moderne n’est plus seulement le lieu où l’on s’arrête.

Elle est un site indispensable à la mobilité.

Le monde rural est-il immobile et l’univers urbain en mouvement ?

La ville a cessé d’être un centre de vie immobilisé.

L’urbanisme est pourtant une tentative de construction de l’immeuble.

Toujours en échec parce que la société ne peut être immobile.

C’est un centre de ressources pour repartir, une « station-service »...

Y passent les groupes humains en quête d’eux-mêmes.



Innombrables et uniques...

Le voyage est lié à l’histoire comme l’espace est lié au temps.

Les terres promises sont inaccessibles pour un temps ou pour toujours.

Il faut aller les chercher car les découvertes ne se font pas sans partir.

Le monothéisme n’a pu venir que d’un nomade, prétend Jacques Attali.

La chose est plus complexe : il y a monothéisme et monothéisme !

Le monothéisme du Dieu unique possédé, qu'on s'approprie est vain.

Ce monothéisme est un athéisme.

Qui pense Dieu sait qu’il ne peut le penser, le « finir » ou définir.

Dieu ne se dit pas.

Qui dit Dieu le nie en croyant posséder l’inappropriable.

Le monothéisme, comme le polythéisme, est un panthéisme !

En effet, si Dieu est, il est tout et partout.

Et, à ce titre, il est toujours à connaître mais à jamais inconnu.

Le fixe est une incapacité à co-naître avec Dieu.



La propriété est négation du nomadisme ou l’inverse.

En cela le sédentaire est un négateur de la vie.

Bouger est aussi essentiel que de laisser le sang circuler dans un corps.

La permanence des flux est une garantie de la densité, du repère.

Le cours délimite les zones où l’on circule.

À court terme, on peut être fixe ; avec le long terme tout est mobile.

Le sédentaire s'enferme s'il n’a que le walkman pour circuler.

L'objet nomade mais pas nomade; c'est une verrue, une chair morte.

Qui porte son portable pour communiquer réifie la vie.

Jusqu'à en faire mourir la vie .

Sans lien tout se brise


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