lundi 2 juin 2008

Contre la déprime politique




Chaque jour propose son lot de nouvelles affligeantes. Le cynisme politique triomphe. L'annonce de catastrophes écologiques ne trouble pas outre mesure ceux qui y contribuent et qui n'ont nullement l'intention de changer les politiques économiques qui nous conduisent vers l'impasse totale. On continue de "faire des affaires" et, pire encore, on fait plus d'affaires que jamais en spéculant sur ce qui bouleverse la vie des humains : le coût de l'énergie et le coût de l'alimentation.

Les pouvoirs, qu'ils aient ou non été légitimés par le suffrage universel, continuent donc, sans vergogne, à prendre des décisions pour l'essentiel incompatibles avec les contraintes de gestion des richesses de notre planète.

Que nous ne puissions compter bientôt que sur les seules ressources renouvelables conduit non à mieux partager mais soit à rechercher comment produire plus, en "forçant la nature", soit à réserver les moyens de vivre à la minorité qui peut y accèder, quitte à conduire une partie de la population humaine à la mort.

Deux énormes obstacles se dressent pourtant devant cet égoïsme monstrueux et irréaliste : le premier est qu'à force de nourrir la cause de ce qu'on veut éviter, on entre dans une contradiction insurmontable (il n'est plus possible de continuer à produire plus, de façon indifférenciée, si l'on veut limiter l'effet de serre qui bouleverse le climat et ruine la Terre entière); la seconde est que l'instinct de survie de l'espèce peut l'amener à des mouvements de migration, de revendication sociale et d'émancipation politique tels qu'on n'en a jamais connus au cours de l'histoire de l'humanité (les émeutes de la faim, les Africains qui affrontent tous les risques pour pénétrer en Europe, les deux à trois milliards d'Asiatiques qui découvrent ne pas pouvoir tous accéder au niveau de vie occidental en sont les premiers signes).

On peut recevoir cette analyse comme une preuve supplémentaire de l'impossibilité pour l'humanité de sortir de ce tunnel où s'achèverait son histoire. Inutile, en effet, d'exclure l'hypothèse de nouvelles et immenses violences en ce siècle. Et pourtant, la prise de conscience des citoyens enfle et les médias eux-mêmes, tout dominés qu'ils soient par le pouvoir de l'argent, sont amenés à fournir des informations sur lesquelles il n'est déjà plus possible de revenir.

La maison qui fournira plus d'énergie qu'elle n'en consomme, par exemple, est non pas réalisée mais présente dans l'esprit des familles des plus jeunes générations. Ce n'est pas à 100 dollars le baril de pétrole qu'on change de civilisation, comme disait Yves Cochet, c'est quand se superposent, à un rythme inattendu, les risques vitaux, (dès lors que le vieillissement, la démographie, la fin de l'accessibilité facile et bon marché aux ressources minières, les mauvais choix de nos productions alimentaires surgissent ensemble dans la première moitié du XXIe siècle)!

Croire en un avenir possible pour les générations futures, même si le passage vers les années 2060 apparaît, d'ici, bien étroit, n'est plus seulement fondé sur l'effort de la raison qui ne désarme pas, c'est devenu une contrainte de la pensée, un nouveau paradigme, qui permet d'oser toutes les recherches politiques. Le neuf se cache derrière cette angoissante constatation : la peur du conflit nucléaire, au XXe siècle, avait permis de découvrir que l'homme pouvait rendre sa survie incertaine; depuis, il a fait pire! Pourtant, quand les êtres vivants sont acculés, ils inventent. Les humains s'aperçoivent qu'ils ne sont pas seulement affrontés à la nature mais, qu'en en étant partie prenante, ils en dépendent. En cette leçon d'humilité philosophique se situe sans doute notre salut.



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